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LE BANC

de Gérald SIBLEYRAS

Avec Philippe Chevallier et Régis Laspalès

Théâtre Montparnasse

Elle semble avoir été écrite pour eux, cette pièce : Chevallier / Laspalès. Une histoire d’amitié de vingt ans d’âge, qui peu à peu laisse place aux reproches et aux règlements de compte.


Et pourtant, ce sont toutes les facettes d’un travail d’acteur plus individuel que Philippe et Régis explorent dans ce duel soit disant amical entre Vladimir et Paul. Ici, à Schlern, les deux pianistes laissent tomber les masques et affrontent cette initiation à l’indépendance avec humour et dérision, jusqu’au bout... jusqu’au vertige.

 
De quoi s’agripper aux rires, de peur de déraper …


Christophe LIDON

Le mal des montagnes

 
Gérald Sibleyras nous raconte un huis clos montagnard soumis à l’oppression des forêts noires de sapins.

Un couple d’artistes « vide son sac ». Sous la forme d’une fable fantastique, où le banc de piano qu’ils partagent, rétrécit, c’est tout l’univers de l’auteur qui sert cette histoire mordante, ironique, sombre, férocement drôle.

Profitons que les comédiens traînent. Gérald, finalement votre pièce raconte comment deux pianistes, à force de partager le même banc finissent par se mettre au ban de tout ?

Déjà, je tiens à dire que je suis heureux du travail du metteur en scène. Il y a une chose amusante et très forte dans sa mise en scène, et que le décor rend fort bien, c’est la manière dont il a traité l’espace. L’espace restreint du banc, qui ne cesse de rétrécir, et qui se trouve en avant-scène, qu’il a opposé à celui de la montagne, que l’on trouve au fond. Cette opposition est géniale. Sinon, que dire, c’est une pièce sur la tragédie de la communication. Après des années de piano commun, deux artistes décident de tout se dire. Ce qui est évidemment la chose qu’il ne faut jamais faire. On ne peut faire confiance à 20 ans de vie commune pour se dire tout ce qu’on pense. Cela ne peut pas marcher.

Puisqu’ils ne sont toujours pas là, Christophe, dites-nous comment vous avez fait pour que ce véritable duo interprète un duo de théâtre ?

Au théâtre, tout est basé sur la confiance. Or, pour jouer la confiance et l’honnêteté que demandent les deux personnages, j’ai profité de celle que m’ont accordée Régis et Philippe. C’était comme si on se connaissait depuis toujours, ce qui n’est pas le cas. Je me suis servi de leur passé, de cette intimité qui les unit. Ils n’ont pas eu à inventer. Ensuite, je leur ai demandé d’aller se perdre dans le plus profond de leur intimité, d’aller vers le plus sombre. C’est ce contraste, entre la clarté et l’obscurité, qui me paraissait le plus important.

Alors Messieurs, ce banc, comment l’avez-vous trouvé ?

Chevallier : On l’a trouvé, c’est déjà ça.

Laspalès : Finalement on est toujours sur nos bancs d’école en train de travailler. Lorsqu’on écrit ensemble, on est là avec nos cahiers et nos crayons. Nos personnages se retrouvent avec une partition, mais surtout avec leurs crayons et leurs gommes.

Vous vous connaissez depuis les bancs du cours Simon, c’est une longue histoire, comme dans la pièce ?

Laspalès : C’est vrai, chez Simon il y avait des bancs.

Chevallier: Des petits bancs en bois et durs.

Laspalès : Le cours Simon est le révélateur. C’est là que nous nous sommes connus et c’est là où notre duo est né. Je connais Philippe depuis aussi longtemps qu’il me connaît. C’est une longue histoire d’amitié qui dure.

Ce qui n’est pas le cas de vos personnages.

Laspalès : Eux, ils vont au clash. C’est ce qui nous a plu. Vladimir, le rôle qu’interprète Philippe, veut vraiment arrêter. Nous n’avons pas connu cette situation. C’est ça qui est intéressant et qui peut troubler le spectateur.

Pendant ce temps-là, Philippe, plus du tout à ce qui se dit, parle, allez savoir pourquoi, du général De Gaulle à Sibleyras et Lidon, hilares. Régis reste concentré.

Gérald, ne m’en veuillez pas, mais je vous pique une réplique pour cette question.

« Comment pouvez-vous définir votre association ? Qui est le ciment ? Qui est la pierre ? »

Chevallier : On est une association en béton armé.

Laspalès : Donc ni pierre, ni ciment, indestructible.

Puisqu’ils sont là, que pensez-vous de votre auteur et de votre metteur en scène ?

Chevallier : Sincèrement, je trouve que l’auteur a écrit une pièce très drôle.

Laspalès : Ouais. Mais y en a un sur les deux avec lequel on s’entend bien et qui est vraiment drôle.

Chevallier : Voilà, y en a un et pas l’autre.

Laspalès : On les découvre depuis un mois. En tout cas, on a foncé. La rencontre est fructueuse. Christophe nous apporte beaucoup. On connaissait déjà son travail, mais maintenant on le connaît vraiment. C’est une belle rencontre. On était assez fans de l’univers de Sibleyras. L’aspect absurde, c’était obligé que l’on s’entende.

Chevallier : Alors je tiens à préciser que toutes les choses intelligentes dans les interviews sont toujours attribuées à Régis, alors qu’en réalité, c’est moi qui les dis.

Ce banc, c’est un beau cadeau qu’on vous a offert ?

Chevallier et Laspalès en duo : Ça oui ! Et il nous a séduits immédiatement.

Philippe et Régis quittent la table, l’auteur et le metteur en scène, complices se regardent.

Lidon : Tu es d’accord avec moi, y’en a un avec lequel tu t’entends mieux ?

Sibleyras : Exactement, y a même un qui est plus drôle.

Les deux ensemble : Ce qui est vraiment génial, c’est qu’ils ont tout de suite répondu de manière positive et avec enthousiasme au projet. Et nous ne sommes pas déçus !

Après la représentation de la pièce « Le banc », nous avons réuni autour d’une table de restaurant les comédiens, l’auteur et le metteur en scène pour un entretien qui sérieusement glissera vite sur un joyeux échange.


Propos recueillis par M-C. Nivière

Pariscope semaine du 16 au 22 avril 2008

http://spectacles.premiere.fr/pariscope/theatre/exclusivites-spectacle/interviews/philippe-chevallier-regis-laspales-gerald-sibleyras-et-christophe-lidon-se-confient-sur-un-banc/(gid)/1229376/(interview_page)/0

Theothea le 08/04/08

Fugueurs en altitude, ces deux-là ont pris villégiature dans un chalet du Tyrol prêté par la production afin de répéter dans d'excellentes conditions le concert à quatre mains qu'ils vont donner prochainement au Japon.

Réfugiés dans cette résidence tels deux complices en cavale, ce séjour devrait leur apporter un grand confort professionnel qui, en fait, va peu à peu se transformer en débâcle privée.

En effet pour un oui, pour un non, la moindre petite phrase détournée de son intention initiale va provoquer une série de susceptibilités réciproques dont la promiscuité pourrait en signer le processus paranoïaque.

A la question " Quel est le principe de fonctionnement pour votre travail en duo ? ", Vladimir Zkorscny aurait répondu dans une interview récente: " Je viens avec les pierres et Paul apporte le ciment ". Il n'en fallait pas plus pour déclencher une réaction en chaîne que désormais plus aucun contre feux ne sera en mesure de stopper, car le doute d'une prise de pouvoir de l'un sur l'autre s'est insinué irrémédiablement.

Plus la phrase semble anodine à l'immédiateté du jugement, plus elle apparaîtra déterminante en sa signification subliminale. Quoi des pierres ou du ciment a le plus de valeur pour ériger une construction ? Qui pourrait le dire, à ceci près que Paul Letellier n'apprécie vraiment pas d'être évalué en tant que " colle à béton " d'autant plus qu'au même moment tous deux semblent être en proie à une même hallucination:

Le banc sur lequel ils s'assoient côte à côte pour interpréter leurs partitions au piano ne cesse de rétrécir quasiment à vue d'oeil. Atmosphère !... Atmosphère !... ou espace vital.

Evolution psychanalytique sur déballage de linge sale, les apparences vont se répondre en trompe l'oeil ou l'oreille car, plus futés l'un que l'autre, les deux compères sont passés maîtres à botter en touche d'une partie de ping-pong récurrente.

C'est alors que prend le relais du travail d'acteurs où il pouvait sembler à tort jusque-là que seul Philippe Chevallier disposait d'une réserve de progression et bien, que nenni, Régis Laspalès, sous la direction très efficace de Christophe Lidon, a enfin trouvé le déclic interne qui lui permet à raison, de renvoyer des fulgurances de sensibilité contrariée dépassant même à plusieurs reprises la pertinence de son partenaire.

Qui du maître ou du disciple va l'emporter sur le plan de la créativité artistique ?

Cet enjeu constitue bel et bien le thème de la pièce de Gérald Sibleyras, pas nécessairement sans conséquences, car dorénavant, et c'est presque un scoop, les deux acteurs sont en mesure de s'affronter à égalité de jeu.

Pariscope du mercredi 23 avril 2008


Paul (Régis Laspalès) et Vladimir (Philippe Chevallier) sont pianistes. Depuis vingt ans, assis côte à côte sur un banc de 1m10, ils forment un duo à quatre mains. Récompensés pour leur dernier disque, et avant une grande tournée au Japon, une Fondation leur prête un chalet au Tyrol. Panorama superbe sur la montagne enneigée et les sapins noirs, c'est l'endroit idéal pour peaufiner leur concert. Au lieu de travailler, ils vont se parler. Mais faut-il tout se dire ? Même après vingt ans? Ils ne vont pas s'épargner et les répétitions tournent au pugilat. Vladimir prétend que le banc rétrécit et qu'il entend le violoncelle de Rostropovitch. La discussion s'envenime encore quand Paul découvre dans un magazine un entretien dans lequel Vladimir s'est mis en avant au détriment de son partenaire. Entre défiance, exaspération, colère, et incommunicabilité, ils vont jusqu'au clash. L'amitié en prend un sacré coup. Gérald Sibleyras a tricoté une pièce ironique, savoureuse et férocement drôle dans laquelle les deux comédiens, Chevallier et Laspalès montrent toute l'étendue de leur talent, délaissant leurs personnages rigolards. Excellent travail du metteur en scène Christophe Lidon qui s'est servi, avec intelligence, de leur intimité et de leur complicité, les accompagnant sobrement, mais efficacement, dans cet univers absurde et surréaliste. Décor réussi de Sophie Jacob et belles lumières de Marie-Hélène Pinon.

Un vrai coup de cœur pour ce duo qu'on n'attendait pas dans un tel registre.


Arlette Frazier

Chronique et vidéo France 2 (Jean-Philippe VIAUD)

http://telematin.france2.fr/index-fr.php?page=video&id_article=7713