christophe lidon metteur en scene
liste des mises en scene christophe lidon
Des yeux de soie

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Des yeux de soie

De l'émotion à revendre.


Un cancérologue qui connut son heure de gloire, mais qu'une expérimentation douteuse a mis sur une voie de garage, poursuit ses recherches sur un traitement révolutionnaire du cancer à partir d'une plante venue de Chine.

Problème : le produit guérit le mal mais ses effets secondaires ont de fortes chances de tuer le patient. Dilemme : jusqu'où peut-on aller dans l'utilisation d'un malade comme cobaye ? Le patron, qui est méchant et ambitieux, n'a pas de scrupules. Son assistant, jeune et généreux, en est rempli. La malade, belle comme le jour mais à bout de souffle après six ans de souffrance, serait prête à courir tous les risques si elle n'avait pas un jeune enfant. Ajoutons que l'assistant est amoureux de la patiente et que la secrétaire médicale du service a des faiblesses pour le jeune homme.

Bref, on se dit qu'on est bon pour une salade totale, une soupe à mélo, une tartiflette à la crème, «Au théâtre ce soir» plus «Les Dossiers de l'écran», sauve qui peut ! Eh bien, pas du tout. Il arrive que les bons sentiments, les bonnes intentions et les clichés les plus éculés viennent à bout des résistances les plus arrogantes. Question d'authenticité, sans doute, question de coeur. C'est le cas avec cet Arbre de joie.

Certes les auteurs, Louis-Michel Colla et David Khayat - ce dernier est un célèbre cancérologue qui cautionne en quelque sorte par son expérience la crédibilité scientifique de cette histoire fondée, nous dit-on, sur des faits authentiques -, n'évitent pas certains des écueils imposés par le genre théâtral réaliste qu'ils affrontent et par le terrain où se situe l'action.

La santé, la maladie, la mort, l'éthique médicale sont des sujets qui renvoient les spectateurs à des problèmes très intimes et qui jouent sur des ressorts émotionnels extérieurs à l'objet théâtral qu'ils ont sous les yeux.

Mais l'intelligente construction de la pièce, la vivacité des dialogues, l'apparition d'un rebondissement inattendu qui révèle la vérité du méchant patron et, surtout, l'impression de sincérité que dégage l'oeuvre donnent à celle-ci une gravité et une générosité qui forcent le respect. L'attention du public en atteste.

La qualité de l'interprétation n'y est pas étrangère ni l'efficacité de l'excellente mise en scène de Christophe Lidon.

Difficile pour les comédiens de conjurer les risques de pathos induits par le sujet. Difficile de jouer vrai tant de vérité ! Difficile de ne pas forcer le trait de la convention sur des thèmes aussi convenus.

Ils y parviennent tous, chacun colorant l'archétype qu'on lui donne à jouer d'une personnalité intéressante qui lui permet d'éviter le manichéisme. La brutalité ambiguë de François Berléand, la sincérité de François-Xavier Demaison, la générosité de Marie Parouty et la fiévreuse sensibilité de Maruschka Detmers emportent l'adhésion du public.


Philippe TESSON.  Le Figaro. 21 avril 2007

S'il est bien un sujet délicat à traiter, c'est celui du cancer. Car il faut .dépasser le pathos, éviter de tomber dans le larmoyant.

Ce que réussit avec plus ou moins de brio ce texte co-signé par Louis-Michel Colas et David Khayat. Le premier est auteur de théâtre, le second professeur de médecine.

Un brin mélodramatique, « L'arbre de joie » nous renvoie en miroir des émotions fortes. Nous sommes tous confrontés à. cette maladie qui a touché un proche et qui pèse au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. Mais au-delà du propos, on nous raconte des hommes, avec leur faiblesse, leur force, leur espoir et leur rage de vivre.

Tout cela est porté par la mise en scène, comme toujours impeccable, de Christophe Lidon. Par la précision de sa direction d'acteur, par sa capacité à mettre en image théâtrale les textes, « L'arbre de joie » devient un spectacle marquant.

François Berléand interprète le « grand patron » avec un beau cynisme. Pour ce personnage, l'humain passe après la recherche. Il est chef de guerre et sa bataille s'appelle métastases, protocoles, guérison. François-Xavier Demaison, dans le rôle de l'interne, a une interprétation pleine de finesse, de traits d'humour et d'humanité. Marie Parouty surprend en nous offrant un registre de jeu qui change de ce qu'on lui demande ordinairement. Tout en retenue, elle est parfaite, offrant une belle facture à son personnage. Et puis il y a Maruschka Detmers. Pour sa première prestation scénique, elle est surprenante. Quelle justesse et précision de jeu. Elle se sert de ses tripes, surfant sur la corde raide de l'émotion.


Marie-Céline NIVIERE - Pariscope

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L' ARBRE DE JOIE de Louis Michel Colla et David Khayat

Avec François Berléand, Maruschka Detmers, François-Xavier Demaison et Marie Parouty

Chronique et vidéo France 2 (Jean-Philippe VIAUD)

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