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La vie rêvée d'Helen Cox
La note de L'Express : 14/20
Un duo d'acteurs décapants.
Photo Lot
Les yeux ouverts, elle est mariée avec Paul, placide dentiste, et consacre ses journées à sa boutique de lingerie. Mais les yeux fermés, à moins qu'ils ne soient alors ouverts plus largement encore, Helen est l'amante de Robert, star d'Hollywood, tandis qu'elle incarne elle-même à travers le monde sa griffe à la mode... Cette promenade entre la réalité et le rêve, le vécu et le fantasmé, serait banale si les deux espaces temps ne finissaient par s'entremêler: laquelle des deux existences sera ruinée par le surgissement de l'autre ? Laquelle, d'ailleurs, est la plus heureuse ?
Si la comédie d'Antoine Rault échappe au statut de simple divertissement léger, c'est pour deux raisons. D'abord, parce que l'auteur nous emmène, à suivre les tribulations sentimentales d'Helen, vers les interrogations fondamentales de son oeuvre. Comme dans Le Caïman (un philosophe finit, tel Althusser, par étrangler sa femme pour échapper aux rets de l'existence), comme dans L'Intrus (relecture du mythe de Faust), Rault s'aventure sur la frontière impalpable entre la vieillesse et ce qui suit, entre ce moment où l'on s'interroge sur ce que l'on a fait et vécu sur terre et celui où l'on affronte l'éternité. Depuis plusieurs années, il cherche là une vérité sur la nature humaine, une définition de la destinée et les secrets de l'accomplissement. Helen Cox n'a pas la puissance du "caïman", mais elle est proche de nous, elle est dans cette moyenne de vie dont on ne sait si elle signifie l'équilibre ou la médiocrité.
La seconde raison qui hisse cette oeuvre au-dessus de ses apparences, c'est la complicité dynamique du duo d'acteurs. Christelle Reboul et Jean-Pierre Michaël mettent leurs enthousiasmes à l'unisson, ils additionnent un goût du jeu et un sautillement comique qui sont autant de bulles dans l'eau pétillante. Ainsi, l'agrément se joint à l'empathie pour emporter l'adhésion du spectateur. C.B.
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Une grande pièce au Théâtre La Bruyère Paris
La vie rêvée d’Helen Cox d’Antoine Rault est un petit bijou de théâtre. Une subtile composition de rires, de sensualité fantasmée et de bovarysme contemporain. Ici, point d’effets de manches convenus. La mise en scène délicate, ne fait que surligner l’écriture fine et à propos de l’auteur, portée par un duo de comédiens aussi justes que puissants. Courrez-y, la vie d’Helen Cox continuera de vous réjouir jusqu’au 1er décembre au théâtre La Bruyère à Paris.
Le pitch
Helen Cox est vendeuse de lingerie. Elle rencontre Paul, au cours d’un vernissage d’art contemporain. Et c’est bien le corps d’Hélène (également modèle du peintre) qui est porté en grands formats sur les murs de la Galerie. Elle fait découvrir à Paul, ce corps, son corps – objet du vernissage – fragmenté et sublimé par l’artiste «façonniste».
Paul est dentiste, la quarantaine, séduisant, genre vieux beau, mais légèrement annihilé par son quotidien et parfaitement étranger à l’art contemporain. Toutefois, le fantasme lié à la découverte impromptue de ce corps s’installe chez lui. Helen le sent, Helen en joue. Helen et Paul tenteront ensemble l’aventure d’une nouvelle vie.
Mais voilà, Helen dans un bovarysme revisité, vit sa vie autant qu’elle la rêve. Avec Paul, elle veut refaire sa vie. Enfin, elle va essayer. Car Helen «s’invente» une grande passion, avec L’HOMME IDEAL : Robert, acteur bellâtre hollywoodien au sommet de sa renommée et accessoirement «sosie de Paul». Fruit de son imagination ? rêve ou réalité ? Comment concilier la vie et l’amour tel qu’on le rêve ?».
Renouveler un thème classique du cinéma par une écriture intransigeante
Dès lors, «Comment concilier la vie et l’amour tel qu’on le rêve ?», tel est le thème principal abordé par Antoine Rault, auteur de la pièce et lauréat du Grand Prix de l’Académie Française pour le Caïman en 2005, (interprétée par Claude Rich).
Antoine Rault, alternant un irréel parfois burlesque et une «aigre-douce» réalité, nous offre un miracle d’écriture et renouvelle le thème «chabrolien» du personnage bourgeois qui cherche à s’échapper de son quotidien par le rêve. Car c’est bien la propension au fantasme d’Helen qui mettra en souffrance son couple. L’auteur ayant toujours l’infinie délicatesse de ne jamais caricaturer comme une absurdité kafkaïenne le quotidien de couple, somme toute, ordinaire.
Un duo d’acteurs à découvrir
Robert et Paul (le mari et l’amant) sont joués tour à tour par Jean Pierre Michael, ancien pensionnaire de la Comédie Française. Il campe ses deux rôles avec une justesse et une autorité simplement parfaites.
Passionnée, désabusée, nostalgique ou sexy, Christelle Redoul (rendue célèbre par son rôle dans Nos chers voisins) s’affirme comme une interprète exceptionnelle : étonnante, touchante, fantasmagorique. Campant à merveille une Helen Cox insaisissable, elle magnétise durant tout le spectacle (1 heure 15) le public du Théâtre de La Bruyère.
Des tableaux composés comme des séquences cinématographiques
Si le thème du rêve et du fantasme, est un régal pour les réalisateurs, tant il se prête au genre cinématographique, il s’avère relativement rarement traité au théâtre. Or, c’est par une mise en scène d’une simplicité biblique et d’une précision Dantesque que Christophe Lidon, le metteur en scène, fait avancer la pièce par tableaux. Des tableaux composés justement comme des séquences cinématographiques jouant sur des jeux d’éclairage et de contrastes subtils qui soulignent l’intention émotionnelle de chaque scène pour mieux faire valoir le charme paradoxalement unique de “la vie rêvée d’Helen Cox”.
La vie rêvée d'Helen Cox :
les vertiges de l'amour selon Emma Bovary au La Bruyère
Par Jean Talabot
Publié le 12/10/2018 à 06:00
CRITIQUE - Dans une comédie douce-amère signée Antoine Rault, une femme confronte ses rêves et la réalité de son couple. Le sujet, rabâché depuis Gustave Flaubert, est traité avec beaucoup de justesse par Christelle Reboul et Jean-Pierre Michaël.
Orléans - Théâtre du Cado
LA VIE REVEE D'HELEN COX - d’Antoine RAULT
Avec Christelle Reboul et Jean-Pierre Michaël
Théâtre La Bruyère
Depuis le 21 septembre 2018
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