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Les poissons ne meurent pas d'apnée


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Les poissons ne meurent pas d'apnée

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A suivre ...

BONTE DIVINE !

de Frédéric LENOIR et Louis-Michel COLLA

Avec Roland Giraud, Saïd Amadis, Jean-Loup Horwitz et Benoît Nguyen Tat

Théâtre de la Gaité Montparnasse  

Les Dieux du théâtre sont ici généreux, ils partagent la vedette avec les Dieux humains … Ou peut-être le seul, que se disputent les trois religions monothéistes du globe, associées à la philosophe bouddhiste, qui, souvent, sert de contrepoint.

C’est un huis clos pour des hommes de foi que Frédéric Lenoir nous raconte ici ; huis clos où le rire le partage à l’émotion. Qu’est-ce que la foi ? Qu’est-ce que l’engagement et la volonté ?  Pourquoi doute-t-on ?

Dans une époque troublée par des discours contradictoires, les comédiens font entendre avec générosité et sincérité les différents points de vue d’un prêtre, d’un iman, d’un rabbin et d’un bonze, avec en capitaine de navire, un Roland Giraud engagé et surprenant, usant de toutes les armes de son art pour défendre, convaincre, questionner et résoudre les doutes qui assaillent son personnage de prêtre.

On se divertit, on apprend (peut-être), on se souvient (sans doute), on s’enthousiasme pour ces questions … Ici, tout est permis, surtout de rire, et même de se convertir.

Christophe Lidon

http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Exclusivites-spectacle/Interviews/Bonte-divine-Roland-Giraud-et-Christophe-Lidon/(gid)/1515383


Nous nous retrouvons au bar d’en face. Leur temps étant compté, ils vont être rapides, précis et généreux. J’interroge Roland Giraud sur les risques d’une pièce sur les religions. « Tout est possible si c’est une comédie dramatique. Dans cette pièce, on passe du rire à l’émotion et de l’émotion au rire. Comme disait Jouvet, “Au théâtre, c’est important d’avoir de l’émotion.” ». Lidon rebondit sur la phrase du maître : « Le théâtre est l’endroit où l’émotion donne de l’intelligence. L’émotion, du rire, des larmes, c’est ce qui nous différencie de l’animal. Et au théâtre, cela passe par nous. C’est pour cela que j’ai accepté de faire cette pièce avec Roland, car c’est un fabuleux passeur. »Roland se tourne vers son metteur en scène : « Ah bon, je suis un passeur ! ». Lidon soulève un sourcil : « C’est un texte important pour Roland, je me dois de ne pas le décevoir. Ensemble on raconte une histoire et par le travail, on fait passer l’amour qu’on met dedans. Face à une actualité qui fait réfléchir, le principe de la comédie humaine est de faire attention à ne pas choquer, pour ne pas bloquer les gens afin qu’ils entendent toujours ce qui est dit. » Roland poursuit : « J’avais envie depuis longtemps de jouer une pièce comme ça. “Bonté divine !” est un cadeau divin ! »

A travers les trois grandes religions monothéistes et le bouddhisme, les auteurs parlent de foi, de doute, mais essentiellement de l’homme. « Oui, ici, religion est dans le sens de relier, précise Roland Giraud. Les gens s’intéressent à la religion mais pas à l’église. Il y en a même qui ne savent pas qu’elles ont le même Dieu. » Lidon précise : « On va se divertir, apprendre (peut-être) et se souvenir, que l’on ait une éducation religieuse ou non. Justement, pour Roland Giraud qui est croyant et pratiquant, cela doit avoir un sens particulier de jouer ce texte.» « Cela me rend deux fois plus angoissé. Je voudrais que les gens soient intéressés. Je suis très heureux de faire un curé catho alors que je suis protestant ! »

Toucher au sacré est toujours délicat. Lidon sourit :« Sacré, voilà un terme que j’adore. On fait un métier où la notion de sacré est importante ! » Giraud éclate de rire : « C’est ça, on fait un sacré métier ! » « Ça, c’est sûr ! La présence du bonze est une autre vision du sacré. Est-ce une philosophie, une religion ? La volonté des auteurs est de laisser des portes de sortie. » « C’est comme pour le choix de la distribution, enchaîne Roland Giraud, il devait être investi d’une réalité, d’une humanité. A aucun moment, le spirituel de la pièce ne doit être abîmé par des mésententes internes. Mes camarades sont parfaits. Ce qui m’intéresse, ce sont les gens qui doutent, pas ceux qui ont des certitudes. » Lidon renchérit : « La confiance est ce qui permet de donner le meilleur de nous-mêmes, alors on peut bien travailler. C’est impressionnant de voir comment Roland fait en sorte que l’ambiance soit la plus agréable possible. Il est englobant. » Roland Giraud tape sur ma feuille : « C’est ça, englobant, notez-le ! » Lidon arrête sa main :« Il a implanté un esprit de troupe comme si je travaillais avec ma compagnie. » Roland, toujours taquin : « On est en bonne compagnie, c’est l’essentiel. »

Justement, comment s’accomplit ce travail entre l’acteur et le metteur en scène. Roland Giraud insiste sur sa nécessité. « Le metteur en scène est l’œil extérieur. Ce qui est primordial pour moi, c’est de savoir où je vais, ce que je fais, ce que je vais faire. » Lidon regarde avec tendresse son comédien et ajoute : « L’acteur qui répond à ta demande en disant “oui je vais le faire” et le fait encore mieux, ça m’a toujours scotché. » Roland Giraud est clair, pour lui, tout est une question de ressenti. « Je sais si le metteur en scène me fait confiance. J’ai de l’instinct comme un animal. J’ai un flair d’enfer ! »

Et entre le metteur en scène, les comédiens et l’auteur, comment s’opère la passation ? Lidon explique la différence entre un texte classique et un texte de création. Pour ce dernier, il utilise l’image de la haute couture. « La création, c’est du sur-mesure. J’interpelle l’auteur. On fait plusieurs essayages, des retouches, jusqu’à ce que le modèle tombe juste sur le comédien. Il faut que l’auteur comprenne que le comédien doit être à l’aise, car il est le vecteur de son écriture. » Roland Giraud éclate de rire, saute sur sa chaise : « Mince ! Je suis un acteur vecteur ! » Lidon réplique : « Mais oui, tu portes une parole ! ». Goguenard et sérieux en même temps, Giraud continue : « Après plus de quarante ans de métier, j’ai enfin compris ce que j’étais, “un porte-parole”, habillé par le metteur en scène. Merci, je sais que je suis un acteur vecteur ! »

"Bonté divine", Roland Giraud et Christophe Lidon

Mis en scène par Christophe Lidon, Roland Giraud incarne, dans « Bonté divine ! » de Frédéric Lenoir et Louis-Michel Colla, un prêtre catholique se retrouvant enfermé avec un rabbin, un iman et un bonze. Nous les avons rencontrés pour parler de la pièce, bien sûr, mais également de ce lien entre comédien et metteur en scène.


Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Ouest-France le 13/02/2009


Avec Bonté divine ! l’oecuménisme est sur scène.

La religion est au coeur d'une pièce de théâtre, à Paris, avec l'excellent Roland Giraud. Une réussite pour tous. Que l'on soit croyant ou pas.

Un prêtre, un imam, un rabbin, un bonze. Une nouvelle fois ce soir-là, ils sont face à un public curieux pour débattre de la foi. De leur foi. Avec les différences et les complicités qu'ils partagent. Sauf que leur conférence s'achève dans le psychodrame.

Les quatre hommes sont coincés dans le presbytère, ils ne pourront en sortir qu'à la fin du week-end. Le temps pour les uns et les autres de vivre colères, doutes, interrogations et serments


De quoi réfléchir, après en avoir bien ri. Pas évident sur le papier, le pari de Frédéric Lenoir et Louis-Michel Colla. S'amuser et se détendre à propos de la religion ? Oui, et sans être pour autant méchant, iconoclaste ou profanateur. Le divertissement est intelligent, emmené par la verve de Roland Giraud, grand ordonnateur du piège dans lequel il enferme Benoît Nguyen Tat, Jean-Loup Horwitz et Saïd Amadis. Quelle que soit sa profession de foi ou de non-foi, chacun y trouvera le plaisir d'une soirée croustillante, dans la verve d'un texte alerte et nerveux, habilement mis en scène. On se sert des clichés, des à priori et des idées toutes faites pour les dépasser. Et réunir les uns et les autres dans le message oecuménique de l'amour, qui ne serait pas preneur ?

P. F.

Chronique et vidéo France 2 (Jean-Philippe VIAUD)

http://telematin.france2.fr/index-fr.php?page=article&id_article=9535