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OSCAR ET LA DAME ROSE


Pièce de Eric-Emmanuel SCHMITT

Montée par Christophe LIDON 

Avec Danielle DARRIEUX




Molière 2003 de la Meilleure comédienne : Danielle Darrieux


C’est sans doute le plus autobiographique de mes textes. J’ai lu toute cette histoire dans des yeux que j’aimais. Et j’ai moi-même été Oscar, l’enfant à qui l’on ne parle plus parce que son état de santé fait peur, l’enfant qui souffre du silence de ses proches, du silence du ciel, des questions laissées sans réponses, mais qui demeure habité par la joie infinie de vivre.


Oscar et la dame rose est un hymne à la vie. Aussi courte soit-elle, une existence doit être pleine, savoureuse, occupée par des sentiments forts et essentiels, traversée d’humour, d’interrogations et de rires. C’est aussi un hymne à l’imagination, cette capacité d’enrichir le quotidien, cette force de salut.


Parce qu’Oscar et la dame rose est un hymne à la vie, je l’ai dédié à Danielle Darrieux. Pétillante, malicieuse, caustique, rosse, naturelle, loin de tout pathétique, gourmande, lumineuse, pudique, elle est pour moi l’incarnation de ce que je voulais dire. A la fois la dame rose, cette visiteuse extravagante, ancienne catcheuse, qui n’a peur de rien, ni des gros mots, ni des coups, ni des discussions, elle sera aussi l’enfant plein de violence, de rage, de tendresse, car, chez elle, incroyablement, l’enfance est toujours là.

Sans doute, l’enthousiasme, l’appétit, une capacité d’étonnement…


Eric-Emmanuel Schmitt

« Pour guider cette très grande dame, on peut compter sur tout le talent, la vision poétique et tendre du metteur en scène Christophe Lidon à qui l’on doit déjà de très beaux instants de théâtre. »

Pariscope

Une magnifique leçon.


« Oscar et la dame rose » est, incontestablement, l'un des plus beaux spectacles auquel nous avons assisté. Le texte d'Eric-Emmanuel Schmitt aborde, avec une grande finesse, un sujet grave, la mort d'un petit garçon. Il n'y a pas plus injuste que la mort d'un enfant. Et pourtant, Schmitt, sans aucun misérabilisme, en fait un hymne d'espoir et de vie.

Oscar a dix ans. Il a une .leucémie. La chimio, et encore moins la greffe, n'ont pu le guérir. Pour soulager ces derniers jours, une visiteuse d'hôpital, Mamie-Rose va lui donner quelques petites .astuces : écrire tous les jours à Dieu pour lui livrer ses pensées, se dire que chaque jour compte pour dix ans. Oscar meurt à .120 .ans en laissant pour ultime message: « Seul Dieu a le droit de-me réveiller ».


Mettre en scène un tel texte semblait impossible. Christophe Lidon a réalisé un travail remarquable. Sa scénographie est faite d'images soulignées par un magnifique jeu de lumières signé Marie-Hélène Pinon. Sur scène, il y a un lit blanc, un coffre à jouets et des valises. Le premier représente l'hôpital, le second l'enfance et les troisièmes nous rappellent que nous sommes tous en partance. Les amis-d'Oscar sont représentés par des ours qui n'ont pas été choisis au hasard …


Christophe Lidon excelle dans la direction d'acteur. Et avec un tel Stradivarius, il a pris un sacré plaisir. Car Oscar, Mamie-Rose, le médecin, les parents, les copains sont joués par une seule comédienne. Et pas n'importe laquelle, un monument : Danielle Darrieux.


Elle dépasse la performance d'acteur et donne carrément une leçon de comédie et de vie. Sa voix comme sa silhouette changent .selon les personnages et surtout, selon la maladie d'Oscar. Toujours sur la corde raide, elle ne va jamais à la facilité. Son visage irradie de beauté et de douceur. Nous sommes suspendus à ses lèvres. Nous rions avec Oscar et pleurons avec. Mamie-Rose, lorsqu'elle écrit, à Dieu : « Aujourd'hui, le petit garçon est mort » Dès le premier salut, la salle se lève pour faire une ovation à cette très grande actrice et à Oscar.


Marie-Céline Nivière - Pariscope

Cette parole d’enfant lucide, comme celle de Mamie Rose qui regarde toujours le petit malade comme une vraie personne, Danielle Darrieux est seule en scène pour l’incarner.

La place d’Oscar étant subtilement matérialisée par un lit-bulle voilé de blanc. Sur ce plateau presque nu, la grande dame fera vivre tout un service autant que la belle relation qui s’instaure entre une grand-mère et un enfant.

Elle est l’un et l’autre, avec une souplesse de chat.


Emmanuelle Bouchez - Télérama

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Molière 2003 de la Meilleure comédienne

  

Danielle Darrieux: «Il y a de la satisfaction à savoir que l'on apporte du bonheur»

Par Armelle Héliot  Jean-Luc Wachthausen lefigaro.fr 19/10/2017


INTERVIEW - L'actrice décédée mardi à l'âge de 100 ans, nous recevait en toute simplicité dans sa maison pleine de souvenirs en 2003. L'occasion de revenir sur son trac au théâtre, la perte de son fils, son Oscar et sa passion pour la chanson.

L'actrice légendaire du cinéma français Danielle Darrieux est morte mardi à 100 ans à son domicile de Bois-le-Roi (Eure), a annoncé à l'AFP son compagnon. En 2003, seule en scène elle créait à la Comédie des Champs-Élysées Oscar et la dame rose, d'Eric-Emmanuel Schmitt, dans une mise en scène de Christophe Lidon. A cette occasion, elle recevait le Figaro dans sa maison.

Il neige sur la banlieue sud. Derrière la grille, au fond d'un premier jardin qui donne sur l'avenue, une haute maison à façade de brique aux allures années 30 et fraîcheurs printanières. Danielle Darrieux ouvre la porte, indifférente aux flocons qui tombent comme des pétales d'arbres fruitiers, enveloppée d'un châle léger couleur turquoise, et vous décoche ce sourire irrésistible gage de son éternelle jeunesse.

Elle vous guide dans la maison aux volumes clairs et très ouverts avec ses escaliers légers qui montent, descendent, dessinant un espace très aéré, très aérien. Le salon donne sur une plate-forme pour déjeuners estivaux et l'autre partie du jardin. «J'ai de la chance, non? J'ai trouvé cette maison à louer au moment même où Paris me pesait, malgré ma terrasse...» Elle vous reçoit comme elle le ferait de vieux amis et vous propose un café qu'elle préparera elle-même en chantonnant de sa voix si claire un peu plus tard.

Une discipline de débutante

Réglisse, le petit chien au poil ras, a des tendresses de chat. On croit l'entendre ronronner aux pieds de sa divine maîtresse qui enchaîne ce jour-là les entretiens avec une discipline de débutante. «Il faut croire qu'ils ne sont pas sûrs de moi, dit-elle dans un éclat de rire... La promotion, la promotion, la promotion, vraiment, j'en ai un peu marre. Mais je m'incline. Et puis je tiens beaucoup à ce texte...»

Aux murs de sa maison, les tableaux de son ami Claude Venard en camaïeux de gris, de blancs, de bruns et, près du piano, un portrait en pied d'une jeune fille qui pourrait être une sœur. Des divans profonds, du confort mais rien d'ostentatoire. Et, partout, des photographies. Jamais elle, mais ses proches. Ses vrais liens avec la vie. Ses deux petits-enfants, à tous les âges. Et, sur un guéridon, ouvert comme un livre sacré, un grand album de photographies, un livre de Yann Artus-Bertrand.

La tristesse de la perte de son fils

Une île du Morbihan. «Cette île, mon île je ne veux plus, je ne peux plus y aller», dira-t-elle sans qu'on la questionne. «Ma belle-fille et mes petits-enfants y vivent. Mais moi, depuis la mort de mon fils, je ne peux pas envisager d'y retourner.» Elle en dit plus soudain, comme si le thème même du texte qu'elle interprète sous la direction de Christophe Lidon, la mort d'un enfant, dénouait en elle un lien trop longtemps trop serré.

Son si beau regard, si profond, si franc, si bleu, si séduisant se voile soudain. Il y a en elle la tristesse de ceux qui ont survécu et qui, malgré leur vitalité, leur énergie, leur chance, leur désir d'aller de l'avant, leur faculté à élaborer des projets, à accepter l'inattendu sans peur, à aimer la vie, à donner, à partager, portent au plus secret d'eux-mêmes, vive, une blessure. Mais elle est trop pudique, trop bien élevée, trop professionnelle pour faire peser cet intraitable malheur sur quiconque. Melle Darrieux, qui avoue dans des fous rires de jeune fille qu'elle aura 86 ans aux cerises, est une étoile. Elle rayonne, éblouit et réchauffe.


LE FIGARO - Depuis vingt ans, vous n'avez jamais joué une pièce sans dire: c'est la dernière fois, on ne m'y prendra plus... Qu'est-ce qui vous a décidée, cette fois?


Danielle DARRIEUX- C'est vrai. Je suis incorrigible. Je dis toujours: «Plus jamais !» Plus jamais ce travail, cette discipline, cette angoisse... Plus jamais cette peur qui paralyse, ce trac, cet éternel recommencement que suppose le théâtre. Ce n'est pas par coquetterie. Mais il faut bien dire que je ne m'aveugle pas sur moi-même: j'ai l'âge que j'ai, je suis née en 1917, tout devient plus difficile, plus fatigant. À chaque fois je me dis très sincèrement: «Voilà une belle sortie.» Je l'avais pensé, notamment, en jouant Harold et Maude en 1995. C'était bien pour une dernière!... Et puis d'autres propositions se sont présentées que j'ai acceptées dans la joie, une envie irrésistible de jouer, de partager ce qui se partage sur un plateau et qui n'est jamais prévisible. J'ai toujours de très bonnes raisons de dire oui! Et pour ce texte d'Éric-Emmanuel Schmitt, j'ai demandé quelques jours de réflexion, mais le thème d'Oscar et la dame rose, le personnage même d'Oscar et l'audace qu'il y avait à me demander de jouer seule m'ont convaincue.


C'est la première fois que vous êtes seule en scène. N'est-ce pas très angoissant ?


C'est terrible, terrible ! J'ai connu la scène en solo pour mon récital de chansons. Mais cela n'a que peu à voir. On est porté par la musique, les histoires brèves que constitue chaque chanson. Au théâtre, c'est tout autre chose... J'ai accepté ce risque parce qu'il me semble que la décision de me faire jouer seule est pertinente. Le texte n'est pourtant pas du tout celui de la dame rose. Il s'agit des lettres qu'Oscar, un petit garçon qui a un cancer, adresse à Dieu sur les conseils de cette dame rose, une de ces femmes qui visitent les enfants dans les hôpitaux. Donner la parole à celle qui pourrait représenter la dame rose est une décision théâtrale intéressante, me semble-t-il. Il est vrai qu'il aurait été difficile de trouver les enfants capables de porter un tel texte. Toute appréhension est tombée lorsque j'ai réfléchi à ce qui se dit dans Oscar et la dame rose. Je me suis sentie affermie. Je retrouvais là des interrogations qui sont les miennes depuis toujours. Si j'ai fait la carrière que l'on sait, tout a commencé par hasard. Mon seul modèle, lorsque j'étais adolescente, c'était le docteur Schweitzer. Je voulais aller en Afrique soigner les malades, les lépreux. J'ai toujours été sensible à la détresse du monde, à ceux qui sont vulnérables, les enfants, les animaux et aujourd'hui, plus que jamais, je me sens impuissante..


Comment avez-vous travaillé ?


J'ai appris mon texte. Il est particulièrement difficile. Ce sont les pensées d'un enfant, son vagabondage. Il n'y a pas de repères simples. Il faut savoir. J'ai beaucoup travaillé. Seule. Je n'aime pas les répétiteurs professionnels. Je ne suis pas à l'aise. Mais c'est diabolique, la mémoire. Je n'ai pas trop de problèmes, mais je ne cesse de travailler. Nous avons créé le spectacle à Orléans, il y a quelques semaines. Depuis, je me fais des italiennes. Sans arrêt. Tous les jours, tous les jours.

Comment se sont déroulées les répétitions avec Christophe Lidon, un jeune metteur en scène que vous ne connaissiez pas ?


Très, très bien. Il ne me laisse pas seule. Il a imaginé toute une série d'effets de lumière, de son, de musique qui font qu'il ne s'agit pas d'un one-woman show, mais d'une représentation, de la mise en scène d'un texte. Christophe Lidon est un poète, un enfant imaginatif qui sait créer des atmosphères et donner une épaisseur à la représentation selon le mouvement même du texte d'Éric-Emmanuel Schmitt. Il y a quelque chose de très bouleversant dans la parole d'Oscar, mais aussi une merveilleuse vitalité, malgré la maladie et son issue, sur laquelle cet enfant ne se fait aucune illusion. Il y a là une manière d'espérance.


C'est aussi le récit d'une injustice épouvantable, celle d'un enfant qui tente en quelques jours de vivre tous les âges de sa vie. Un leurre ?


Bien sûr. C'est une question très troublante pour moi. Elle me touche. Mon fils, mort si jeune, à quarante ans, me disait souvent que la vie ne se mesure pas à sa durée, mais à sa qualité, à son intensité. Je ne peux pas ne pas être intimement concernée par le destin d'Oscar, par ce qu'il nous dit, moi qui ai la chance incroyable d'avoir traversé toutes ces époques... Et puis, ce que propose Oscar, par-delà son propre cas, c'est un aperçu de ce que les enfants pensent de la mort. Mes petits-enfants étaient très jeunes lorsque leur père a disparu... Des années plus tard, un jour que l'on avait ramassé des palourdes sur la plage, le plus petit qui n'avait jamais rien manifesté, a pris le seau, a tout rejeté à la mer en disant simplement: «Non ! C'était papa qui ramassait les palourdes. Il n'est plus là, on ne doit pas !»


Oscar s'adresse à Dieu. C'est une question, pour vous ?


Bien sûr ! Comment peut-on être au monde sans se poser la question de l'après? Après, quoi ? Personne ne sait. Mais je ne suis pas athée. Je ne peux croire que la vie n'ait pas de sens. Comme je le dis en riant: «C'est de la part de qui ?» et c'est cela, n'est-ce pas, la seule question... Longtemps j'ai regretté d'exercer un métier que je jugeais frivole. J'ai étét happée par le cinéma, j'y ai été heureuse, je n'ai jamais arrêté. Il y a de la satisfaction à savoir que l'on apporte aux autres du divertissement, du bonheur, parfois de l'oubli. Mais ce n'est pas pour autant que l'on ne doute pas. Moi, j'étais une enfant, une adolescente très tournée vers les autres. Je me précipitais vers les enfants sur la plage, je les serrais dans mes bras... et aujourd'hui, quand je vois le monde tel qu'il est, avec sa violence, sa misère, je serais tentée d'adopter des enfants, de leur offrir une chance... Si j'avais quinze ans de moins, j'adopterais des enfants...


On ne peut pas, pourtant, porter sur ses épaules tout le malheur du monde ?


Non. Bien sûr. Mais moi, c'est très étrange, je ne me suis jamais sentie d'un pays. Très jeune, j'ai eu conscience que la Terre n'était que cette petite boule, lancée dans un univers immense, et que nous n'étions que poussière à l'échelle du cosmos, que nous étions, animaux comme humains, embarqués... Je me sens citoyenne de la Terre. C'est peut-être qu'en moi coulent des sangs très divers. Les gens n'en reviennent jamais lorsque j'évoque mes origines. Ma grand-mère maternelle, alsacienne, orpheline à 7 ans de la guerre de 70, est recueillie par son oncle. Il part pour l'Algérie. Ma grand-mère, que j'appelais Le Lion de Belfort, parce que je trouvais qu'elle lui ressemblait, épouse un Polonais exilé en Kabylie... Ma mère est née là-bas et me parlait de Bône, d'Alger la Blanche... Dans mes premières interviews je disais que j'étais arabe et polonaise. Ma mère m'a reprise un jour en me disant que Pied-Noir ne voulait pas dire arabe! Quant à moi, j'en ai hérité un intérêt très fort pour la Pologne et une exigence très particulière sur le couscous... Celui de ma grand-mère était divin !