christophe lidon metteur en scene
liste des mises en scene christophe lidon
Sors de ce corps, Katherine

christophe lidon metteur en scene
liste des mises en scene christophe lidon
Sors de ce corps, Katherine

Accueil ...

Mises en scène ...

A suivre ...

Le brio d’une comédie de genre


Entretien de Gilles Costaz avec Christophe Lidon (décembre 2009)

 

Christophe Lidon, vous semblez préférer aller d’un univers à l’autre, plutôt que de rester fidèle à un genre, à un type de théâtre ?  

Oui, j'aime faire des choix qui me conduisent dans des univers diamétralement opposés. Aller d'un grand classique à une aventure contemporaine, d'une nouveauté à une reprise - que je préfère nommer re-création, c'est le moyen de maintenir intact le plaisir de donner vie aux mots, d'aller où l'on ne vous attend pas. Explorer les univers d’auteurs aussi variés que Durringer, Schmitt, Rault, Stampe, Sibleyras ou Goldoni est un exercice qui stimule les émotions et l'imagination … Je crois que les spectateurs suivent de plus en plus le travail d’un metteur en scène, et n'ont pas besoin pour cela qu'il creuse toujours le même sillon. Le metteur en scène n’est pas un ensemblier, comme on le dit parfois. A travers des genres divers, il doit imposer un style. A quoi ressemble un spectacle de Lidon ? Je dirais que d’une pièce à l’autre, la mise en scène vise à servir le texte mais aussi à inventer une esthétique qui impose un vocabulaire du corps de l'acteur dans l'espace.


L’un de vos interprètes, Stéphane Freiss, nous disait, avant les répétitions, au seul vu de vos spectacles, que vous êtes, entre autres,  « un metteur en scène graphique ». Qu’en pensez-vous ?

Si par "graphique", il veut dire "structuré", "stylisé", "symbolique", c'est vrai, je revendique un sens de la scénographie et une esthétique de mise en scène. Catherine Bluwal est une extraordinaire décoratrice, je dessine des propositions et lui soumets mes idées qu'elle magnifie d'une bien belle manière. C'est ce qui explique la longévité et la réussite de notre association. Aux acteurs, je parle toujours de leur corps dans l'espace du plateau. La puissance des corps dans l’espace, je l’ai expérimentée depuis longtemps. Pour cela, il y a un vocabulaire. Ce vocabulaire est commun au théâtre, au cirque, à l'opéra, à la danse. C'est une gamme d'émotions.


Vous aviez monté Le Banc de Gérard Sibleyras. A présent, vous montez Une comédie romantique. Qu’aimez-vous chez cet auteur et dans cette nouvelle pièce ?

Une comédie romantique est vraiment une comédie romantique, défendue par une distribution elle aussi romantique : Stéphane Freiss et Elodie Navarre, des acteurs que l’on a tout de suite envie d’aimer. C’est une comédie de genre écrite par un auteur qui dialogue excessivement bien ! Ses dialogues sont raffinés, contemporains et spirituels. En même temps, on a affaire à une pensée ciselée qui n’en laisse pas moins la place à la fantaisie. Afin de donner au spectacle cette rapidité et cette apparente simplicité, je travaille toujours avec la même équipe : Catherine Bluwal, qui a conçu avec moi un décor qui permet de passer aisément d’un lieu à l’autre, Marie-Hélène Pinon pour la lumière et Michel Winogradoff pour le son.

Ce qui me touche dans la pièce de Sibleyras, c’est d’abord ce qu’elle dit : nous vivons dans une société où être heureux est devenu suspect. Il y a une délicatesse à être heureux ! Pour ne pas l’être, les deux personnages principaux vont tout faire pour s’auto-empêcher de répondre à leurs sentiments. Cette allégorie de l’interdiction du bonheur m’a beaucoup plu. La pièce est construite comme un scenario de cinéma. Les scènes s’imbriquent comme mon décor ying et yang cubique, noir et blanc. Sur le plateau, deux cubes blanc et noir se déplacent, évoquant les espaces architecturaux : hôtel, bureau, gare… Tout n'est qu'une affaire de construction : texte, espace, décor, rythme, ...


Malgré la grande diversité de vos mises en scène, vous abordez moins souvent la comédie pure que des œuvres qui mêlent différents registres ?

 J’ai monté des comédies, très récemment Les poissons ne meurent pas d’apnée d'Emmanuel Robert-Espalieu et La Serva amorosa de Goldoni. La scène de la partie de cartes dans La Serva, je l’ai voulue comme une scène purement comique, et c'est un vrai plaisir. Mais, à part L’Œuf de Félicien Marceau, je n’ai jamais signé quelque chose de drôle où la drôlerie est le premier objectif, comme chez Feydeau par exemple. Avec Une comédie romantique, il faut chatouiller l’humour régulièrement. Là, le rire doit être présent à chaque instant; d’où un travail fortement basé sur le rythme et la précision.


Pourquoi n’avez-vous jamais monté de Feydeau ?

Cela ne s'est pas présenté au bon moment. Si j’en montais un, ce serait Le Fil à la patte. C’est le meilleur. Je le monterais plus dans l'esprit d'un Brasil de Terry Gilliam que comme à la Comédie-Française dans les années 60.


Comment avez-vous réuni votre distribution d’Une comédie romantique ?

J’ai été libre de faire la distribution de mon choix. Pour jouer Sibleyras, il faut avoir le sens de la rupture, l’art de digérer ces ruptures. Françoise Lépine, Didier Brice et Stéphane De Groodt ont tous ces qualités-là.

Stéphane Freiss et Elodie Navarre forment le couple le plus évident, tel que Sibleyras l’a imaginé. Stéphane est une pure intelligence, avec des milliers de pixels. Il pointe, cherche, trouve, un peu à la façon d’un Claude Rich. Elodie est un très bel animal de scène. Elle a un instinct puissant et sait remettre son instinct en question. Elle a un doute très constructif, ce qui la rend infiniment travailleuse.


Parmi vos activités actuelles et futures, y a-t-il toujours une place pour le théâtre de Champigny-sur-Marne où vous faites un travail plus secret de recherche et de création ?

Bien sûr ! Je suis Directeur de l'action théâtrale de la ville. Pour notre Festival des petites formes, je monterai au printemps Sors de ce corps, Katherine Mansfield de Valérie Alane et nous reprendrons notre création de l’an dernier, FX de Michael Stampe, avec Jérôme Pradon. Par ailleurs, je dois monter  un nouveau texte d’Amanda Sthers, Le Reste de notre vie, la saison prochaine, et une pièce catalane, Lucrecia, à Barcelone. Et je rêve de monter une pièce de Calderon.


Quel bilan tirez-vous de l’énorme succès qu’est La Serva amorosa à Hébertot ?

C’est le succès d’un théâtre de troupe, pour lequel Danièle et Pierre Franck m’ont fait totalement confiance. Je voulais rompre avec les spectacles faits pour une catégorie de public, proposer quelque chose de véritablement "tous publics". Une conviction qui m'accompagne à Champigny comme à Paris, la création d'un véritable théâtre populaire ... et exigeant.

UNE COMEDIE ROMANTIQUE

de Gérald SIBLEYRAS

Avec Stéphane Freiss, Elodie Navarre,  

Didier Brice, Françoise Lépine, Stéphane de Groodt Théâtre Montparnasse


  

Quel plaisir de retrouver la langue de Gérald Sibleyras qui sait si bien nous faire rire, de nous, de nos histoires, simples ou compliquées. A travers la rencontre-coup de foudre de Léon et Anita, c'est tout le profil d'une histoire romantique, ici une comédie, qui de chambre d'hôtel en réunion de bureau, de salon du mieux-vivre en quai de gare, nous fait voyager.

Une pièce aux multiples lieux que le décor de Catherine Bluwal, yin et yang cubique, nous permet d'évoquer. L'équipe artistique qui m'accompagne de longue date, met tout son savoir-faire au service de cette déambulation amoureuse. La traversée des différents univers théâtraux que j'ai entreprise s'enrichit à chaque étape des souvenirs et des découvertes, des différences et des associations.Alors longue vie d'amour à Anita et Léon !

Christophe Lidon

Le Figaro 5 février 2010

Publié le 10/02/2010 | 16:17

Une comédie romantique

Par Jean-Claude RONGERAS

Face à l'amour, un couple frais et dispos, s'évertue à emprunter le chemin des écoliers pour trouver le bonheur

Une rencontre entre un homme et une femme, c’est une histoire banale. Enfin, cela devrait. Sur un quai de gare, Léon et Anita, assis, attendent leur tour pour acheter un billet. Premiers mots, premiers sourires, premières attentes. Rapidement, le rythme est pris, les rendez-vous ont lieu lors du passage de la jeune femme, dans les villes de province, où l’emmène son travail. Léon satisfait de cet arrangement. Leur relation, très physique, est au pinacle.

Pourtant, un jour Léon s’égare. Sur les conseils de son ami, un célibataire malchanceux en amour, lui conseille de déclarer à Anita qu’il est marié. Ce mensonge va brouiller leur relation, créer un décalage, un creux, qu’Anita essaiera de combler. La partie de zig-zag, je reviens/ je ne t’attends plus, va commencer... Jusqu’à une nouvelle demande finale de rendez-vous amoureux, dans la même gare qu’au début.

Stéphane Freiss (Léon) affiche tout au long du spectacle, sauf lors de quelques rares épisodes où il sent le vent froid de la solitude sur ses épaules, un sourire charmeur et charmant qui donne le ton de cette comédie simple, pas toujours survoltée, mais convaincante. Il s'en exhale un parfum léger et suave. Une empathie immédiate peut naître pour les personnages. La jeune Elodie Navarre (Anita) joue sur le même registre que son partenaire: une grande facilité à être naturelle, tout en faisant preuve d’espièglerie, d’humour, parfois d’humeur.

Gerald Sibleyras a écrit, sous la forme de séquences courtes, l'histoire de cette rencontre plaisante et agréable à suivre. Les seconds rôles sont bien plantés et joués par des acteurs -François Lépine, Stéphane de Groodt, Didier Brice- de talent. L'auteur sait construire une intrigue, pimentée mais douce, légère mais consistante.

Toute les séquences n'ont pas la même intensité, mais le joyeux train lancé par l'auteur sur les rails sans fin des amours modernes mérite une mention bien. Le couple formé par Stéphane Freiss et Elodie Naverre, dont les avatars réjouissent, fonctionne avec l'efficacité d'un coucou suisse.

La mise en scène de Christophe Lidon, agrémentée de vidéos où apparaissent les visages des acteurs, est moderne, juste à point.

  

France2.fr









Vidéo sur le site du théâtre Montparnasse

 http://www.theatremontparnasse.com/comedie_romantique/sommaire.htm

La chronique de Philippe Tesson

L’amour qui rit, l’amour qui pleure


Comme il y a des chanteurs de charme, il y a des auteurs de charme. Gérald Sibleyras en est un. C’est un grand séducteur. Tout du chat : habile, rapide, joueur, caressant. Ses personnages lui ressemblent. Ils sont sympathiques mas ils dissimulent toujours quelque chose. Ce sont souvent de grands menteurs. C’est ainsi qu’on fait de jolies pièces, qui plaisent. Car la vérité finit par éclater, toujours à l’avantage des bons sentiments. Une comédie romantique est un modèle du genre. L’œuvre est réussie, légère et nerveuse. Fugitive. Dans l’effleurement. Du Sibleyras, quoi. Peut-être un jour ira-t-il plus profond, qui sait. On aimerait bien.

C’est l’histoire d’un coup de foudre. Un homme, une femme. Ils sont encore jeunes, beaux, sensuels et très soucieux de la liberté. Donc pas question de s’engager. Alors ils se font croire l’un à l’autre qu’ils sont mariés et vont s’enfermer bêtement dans le piège de leur mensonge. Le spectacle doit beaucoup au casting, qui est vraiment excellent. Stéphane Freiss a un charme fou. On découvre en lui un play-boy quadra irrésistible. Élodie Navarre est absolument adorable. Elle porte la petite culotte avec une aisance remarquable. Les scènes de lit sont délicieuses, jamais vulgaires.

La comédie est construite à l’emporte pièce, dans un style plus cinématographique que théâtral, ce qui ne simplifie pas la scénographie. Sibleyras ne s’embarrasse pas de ces problèmes. A Christophe Lidon de se débrouiller, avec un décor de Catherine Bluwal qui a fait mieux. Mais peu importe. Ce qui compte c’est que tout cela soit intelligent et joliment enlevé, et que le couple fonctionne. Ce qu’il fait admirablement....

  

Le Figaro Magasine

En tournée (2010-2011) ...

  

Stéphane Freiss, Clémence Thioly, Stéphane de Groodt,

Anne-Charlotte Bory et Stéphane Cottin