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Mises en scène ...

A suivre ...

LA SERVA AMOROSA

de Carlo Goldoni adapté par Michael Stampe et Christophe Lidon

avec Clémentine Célarié, Robert Hirsch, Claire Nadeau,

Denis Berner, Benjamin Boyer, Emilie Chesnais, Manuel Durand, Thierry Monfray, Guilhem Pellegrin, Pierre Zaoui


Théâtre Hébertot

Affaires de famille

L'immense plaisir d'une comédie de Goldoni pour le spectateur signifie l'obligation pour le metteur en scène et la troupe qui le joue d'inventer, d'ordonner et de recomposer un univers intime à la précision horlogère.

Un immeuble, une rue, un quartier, une ville, sont ici suggérés sur un plateau de théâtre. La mosaïque des personnages, des conditions sociales, des caractères et des destins est à tricoter par tous comme un pull-over de famille multicolore, tendre, moelleux et imparfait ... Du cousu main.

L'arbre généalogique de la distribution se doit d'être respecté afin de tendre énergiquement et sans relâche le fil de l'action. Coraline, servante fidèle et dévouée, va suivre un fils de famille banni par son père (sous l'influence de sa belle-mère...) et lui permettre de retrouver sa place dans le giron familial dont il ne saurait s'extraire sans danger de disgrâce sociale et de futur compromis. Toutes les ruses employées par Coraline sont des recettes maison au bon goût de cuisine domestique et bourgeoise. Et pourtant, sans relâche, le spectacteur suit cette intrigue familiale avec délectation, comme invité à la table d'un ami fin gourmet.

Le jeu des acteurs recherchera l'intime et le quotidien, le décor -jeu de construction puzzle- se métarmophosera pour laisser apparaître toutes les portes, toutes les fenêtres, nécessaires à l'intrigue; la lumière lui prêtera main forte. Les costumes 18ème emprunteront à toutes les époques les couleurs et les signes d'une patine propre aux personnages typés (une canne, une cape, un tricot, un gilet se joueront des époques).

Tout doit concourir au plaisir du théâtre : du rythme, de l'émotion, du rire, comme une bonne partie de cartes jouée entre amis, où certains trichent, d'autres arbitrent, d'autres perdent ou marquent des points, mais dont tous gardent un souvenir mémorable. Une soirée douce au coeur et à l'âme.

Christophe Lidon

Les Echos du 01/10/2009

Darling Clémentine

Les « privés » parisiens révisent plutôt bien leurs classiques, en cette rentrée d'automne. Après une pétillante « Nuit des rois », de Shakespeare, au Théâtre Comedia, « La Serva amorosa », de Goldoni, est bien servie au Théâtre Hébertot.

Le metteur en scène Christophe Lidon, auteur avec Michael Stampe d'une adaptation simple et enlevée, a trouvé le bon dosage entre farce et mélancolie sans occulter la dimension sociale de la pièce du « Molière italien ». Il est aidé par une distribution de choix, conduite par le trio magique Clémentine Célarié, Robert Hirsch, Claire Nadeau. Coraline, la servante, se désole de voir son vieux maître Ottavio mené par le bout du nez par sa seconde femme, Béatrice, qui veut récupérer la fortune de son mari au profit de son fils idiot, Lélio. L'intrigante est déjà parvenue à faire chasser le fils d'Ottavio, Florindo, et elle manigance pour qu'il soit déshérité. La servante va s'employer à rétablir la justice et, malgré sa tendresse pour Florindo, lui trouver un bon parti.

Une héroïne populaire

C'est donc une fille du peuple qui mène le bal. Par son intelligence, son charme et sa droiture, elle domine tous les autres personnages, les méchants comme les gentils. Dramaturge éclairé, Goldoni invente, en 1752, une héroïne qui transcende les classes.

Clémentine Célarié est Coraline, corsaire câline, justicière de cape et d'épée ou égérie brechtienne. Idéale pour le rôle, elle signe une composition magnifique : à la fois populaire et aristocratique - tour à tour bonne à tout faire et entremetteuse, amante tragique et clerc de notaire -, elle joue toutes les nuances de son personnage avec un naturel et une élégance qui impressionnent. Dans la scène où elle rejette avec grandeur d'âme la demande en mariage de Florindo, elle est proprement bouleversante.

Robert Hirsch, fringant jeune homme de quatre-vingt-neuf ans, interprète avec gourmandise le rôle d'Ottavio, vieillard amoureux, torturé et malicieux. Aucun temps mort dans sa partition, mais une revigorante joie de jouer.

Claire Nadeau est parfaite en Béatrice, marâtre sophistiquée. La partie de cartes entre les deux époux excédés est un must. Les sept autres comédiens de la pièce jouent à l'unisson. Sillonnant avec enthousiasme le décor de bois brun, sorte de bric-à-brac onirique figurant rues et maison, ils donnent relief et vie à une Vérone de légende. Mention spéciale à Denis Berner, Arlequin dépressif et lunaire, et à Manuel Durand - Lélio - irrésistible en ardent imbécile. Viva la comedia !

Philippe Chevilley

Figaro.fr

Le roi Hirsch illumine Hébertot

Par Armelle Héliot le 25 septembre 2009

... Saluons la production de La Serva amorosa de Carlo Goldoni dans la production excellente du théâtre Hébertot.

Christophe Lidon donne un mouvement très intelligent à la représentation de cette pièce formidable qui montre l'humanité du grand écrivain vénitien. La distribution est magnifique avec dans le rôle-titre une merveilleuse Clémentine Célarié, superbe d'autorité tendre, un grand personnage du peuple avec une noblesse de coeur immense. Son maître, un gentil vieux barbon colérique est joué par un Robert Hirsch en super forme qui illumine le spectacle de sa bonté éclaboussante. Il est immense. Il a épousé en secondes noces une femme très intéressée que la belel Claire Nadeau s'amuse à jouer avec une férocité de composition. Elle est flanquée d'un fils paresseux et désinvolte dont Manuel Durand fait un personnage extravagant avec une cocasserie explosive. Il est génial Manuel Durand, un très grand acteur qui mériterait que tous les metteurs en scène et les réalisateurs le remarquent pour l'installer en haut de l'affiche.

Mais tout le monde est excellent : Benjamin Boyer est doux et fin en Florindo, le fils de Ottavio (Hirsch) qui est mal traité par son père, protégé par la serva amorosa (aimante). Emilie Chesnais est d'une touchante drôlerie dans l'effarouchée Rosaura, Pierre Zaoui est un Brighella tonique, Denis Berner un très bon Arlequin, Thierry Monfray surgit à la fin en Maître Agapito, le notaire. Saluons le grand Guilhem Pellegrin, un Pantalon humain, précis, un comédien qui donne de la densité aux personnages qu'il incarne.

On rit, on s'enchante deux heures durant. On admire les costumes magnifiques de recherche dans les matières, les tons, les assemblages de Claire Belloc. Il n'y a sur ce plateau que d'excellentissimes comédiens qui servent avec humilité, simplicité, talent, esprit une très grande pièce classique. Et Christophe Lidon confirme son sens de la direction d'acteurs et des mouvements des spectacles dans le décor astucieux de Catherine Bluwal. 

Le Figaro 26-27 Septembre 2009