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Une journee particuliere




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Mises en scène ...

A suivre ...

LA VISITE DE LA VIEILLE DAME  de Friedrich DÜRRENMATT

avec Yves Gasc, Simon Eine, Gérard Giroudon, Michel Favory, Christian Blanc, Céline Samie, Christian Gonon,

Danièle Lebrun, Samuel Labarthe, Noam Morgensztern, Didier Sandre, Pauline Méreuze


CADO d'Orléans du 23 janvier au 9 février 2014


Comédie Française - Théâtre du Vieux Colombier du 19 février au 30 mars 2014

Après des décennies d’absence, Claire Zahanassian revient à Güllen, la petite ville de son enfance, pour y fêter ses noces avec un huitième mari. Toute la communauté espère que la richissime vieille dame relancera l’activité de la ville plongée depuis longtemps dans la misère.

Mais si elle accepte de céder des sommes colossales, c’est à une seule condition : que l’on tue Alfred Ill, son amour de jeunesse qui l’a reniée après l’avoir mise enceinte. Bannie par une morale hypocrite, elle a vécu hantée par son désir de vengeance, qu’elle est aujourd’hui décidée à accomplir.

Tout au long de cette épopée, l’amoralité de la vieille dame va contaminer la ville entière. Comme dans un conte moderne, suivant sa propre idée de la justice, elle va déclencher une véritable chasse à l’homme.

  

18 février 2014  par Thomas Baudeau


Rencontre avec Christophe Lidon…


Il compte parmi les rares artistes à travailler aussi bien dans le théâtre subventionné que dans le secteur privé. Au Vieux Colombier, Christophe Lidon monte «La Visite de la Vieille Dame» de Friedrich Dürrenmatt. Dans les images qui suivent, il évoque ce projet qui lui tenait à coeur depuis longtemps et sa façon de faire du théâtre…

  

http://www.fousdetheatre.com/rencontre-avec-christophe-lidon/

FROGGY'S DELIGHT 23 février 2014

"Jouée pour la première fois au Français, "La visite de la vieille dame" de Friedrich Dürrenmatt offre aux comédiens une partition chatoyante, prétexte à de savoureux numéros d’acteurs. ...

Danièle Lebrun, immense comédienne, donne le meilleur d’elle-même,"Sarah Bernhardt" (jusqu’à la jambe de bois) méchante reine de contes, maquerelle glacée au cœur mangé par l’avidité et verdi à l’adoration du dollar. C’est sublime. Autour d’elle, Samuel Labarthe compose un Alfred (l’amant objet de haine) bouleversant, jeune homme vieilli par sa vie, tandis que Michel Favory incarne un vieux professeur, image de la civilisation et de la hauteur de vue, magnifique. Didier Sandre apporte la touche d’inquiétude, avec son abominable "pasteur dans le monde", qui ne sert plus…que le monde. Yves Gasc, Christian Gonon ou Simon Heine sont terrifiants en notables voraces et nuisibles. La mise en scène de Christophe Lidon est tour à tour naïve (on songe aux bandes dessinées) et angoissante (costumes hideux et fond gris), efficace et très pensée. Un moment de vrai théâtre avec, en plein feu, avant les mots, ses servants amoureux et inspirés."

Christian-Luc Morel

Les Echos le 24 février 2014

http://hierautheatre.wordpress.com/2014/02/20/daniele-lebrun-imperiale-erinye-dans-la-visite-de-la-vieille-dame/



Danièle Lebrun, impériale Érinye dans La Visite de la vieille dame

Il y a quelque chose de pourri à Güllen, petite commune de province croulant sous la pauvreté. Mais voilà qu’arrive en ville Claire Zahanassian, de retour après des années d’absence chez elle, pour y fêter ses noces avec un huitième mari. Ce messie providentiel et richissime suscite des attentes folles de la part de la communauté : l’espoir d’un nouveau départ et de conditions de vie honorables. Clara se montre décidée à aider ses concitoyens à une seule condition et non des moindres : éliminer Alfred Ill, son amour de jeunesse qui l’a trahie en apprenant qu’elle était enceinte et l’a abandonnée. Après avoir été rejetée par une morale sournoise, cette ancienne putain revient accomplir son rêve de vengeance avec une obstination coriace. Sa rage finit par déteindre sur les habitants et provoque une châsse à l’homme cruelle et inébranlable.

Cette histoire de vengeance destructrice possède tous les ingrédients d’un bon thriller : rythme haletant, attentes déjouées, violence des caractères… Sauf que comme l’indique Dürrenmatt, La Visite de la vieille dame est une tragi-comédie. Christophe Lidon se montre parfaitement habile à jongler avec ce double registre apparemment inconciliable. Les figures de notables, symboles d’autorité et garants de la morale, se retrouvent tels des arroseurs arrosés. Les cinq avatars de la politique, de la santé, de la religion, de la connaissance et de l’ordre que sont le maire, le médecin, le pasteur, le professeur et le commissaire, ignobles de mesquinerie sournoise, espèrent rouler la milliardaire et l’exploiter. Le pouvoir tourné en ridicule par ces fantoches soi-disant respectables succombe au pion d’avance joué par cette rousse incendiaire. Réjouissant de constater que ces imbéciles, croyant avoir flairé le bon filon, finissent plumés en beauté même si à la fin, le chèque d’un milliard est signé. Mais à quel prix… D’entrée de jeu, Alfred apparaît comme un bouc-émissaire idéal et un sacrifié nécessaire à l’enrichissement de la commune. Cet animal blessé qui, au départ, semble victime d’une paranoïa a priori justifiée (lorsqu’il constate que les clients de son épicerie ont miraculeusement changé de garde-robe en très peu de temps) se rend compte qu’il est acculé et qu’il n’a d’autre choix que de renoncer à sa vie. Le destin tragique inéluctable s’accomplit alors sans que les personnages ne puissent rien y faire.

Mettre en scène cette pièce de nos jours n’a rien d’anodin : la réflexion sur la corruption politique des hommes et sur la propagation vertigineuse de la vénalité trouve des résonances profondes dans notre société. Trahir ses amis, renier sa famille pour le fantasme séduisant d’un monde luxueux sont autant de thèmes atemporels. Christophe Lidon s’attache dans sa version à mettre l’accent sur cette perversion des âmes avec un bel acharnement.

Acharnée également cette Clara Zahanassian, incarnation moderne de Médée : ce personnage haut en couleur constitue un rôle en or pour les comédiennes. Danièle Lebrun, du haut de ses soixante-seize printemps, tient la dragée haute à tout ce bal d’hypocrites. Elle est sublime, forcément sublime. Apparaissant pour la première fois avec un capuchon noir digne des plus vilaines sorcières, la doyenne magnétise la scène avec sa perruque rousse coupée au carré et son assurance nonchalante. Elle tient le rôle avec évidence : drapée dans des frous-frous fleuris, la comédienne montre qu’elle en a dans le ventre en harpie apocalyptique. Masochiste dans l’âme, elle se montre sans pitié envers le seul homme qu’elle a jamais aimé et qui l’a mortellement blessée. Ravagée par la rancune, l’actrice s’affirme avec royauté avec sa panthère noire et son trône : pas question de tergiverser. Cependant, la confrontation ultime avec Alfred, dans la belle forêt effrayante et en suspension de Catherine Bluwal, émeut et s’avère une poignante scène d’adieu pleine de nostalgie. Danièle Lebrun, même dans un rôle qui l’affuble d’une prothèse en guise de jambe et une main d’ivoire (l’auteur a crée le personnage en s’inspirant de Sarah Bernhardt), continue d’exercer ses charmes avec autant de fascination.

Samuel Labarthe, lui, campe un Alfred bouleversant, à l’opposé du terrible Thésée qu’il a joué dans Phèdre l’année dernière. On ne peut qu’éprouver de la pitié pour ce sacrifié volontaire doté d’une résignation héroïque. Insistant sur l’usure et la démarche lourde de son personnage, le comédien incarne un épicier au bout du rouleau qui abandonne bien vite le combat après une première période de déni. Ce gibier idéal, qui a trahi son ancien amour, devient à son tour la victime d’une série de coups bas : les pires sans doute venant de sa propre famille et surtout de sa femme, la touchante Céline Samie, qui, pour un manteau de fourrure laisse mourir son mari. L’un des moments les plus réussis de la pièce réunit les quatres membres de la famille Ill, regroupés dans une voiture ingénieusement mise en scène. Un paysage dehors est projeté, celui de Güllen, la patrie chérie. Ce road-trip émouvant permet à Alfred de s’offrir un dernier shoot de nostalgie avant son voyage vers la mort. Cette promenade finale possède un goût de madeleine de Proust amer.

Les autres comédiens ne sont pas en reste, notamment ceux qui incarnent le groupe de notables : Didier Sandre, Michel Favory et Christian Blanc en tête, insufflent tout ce qu’il faut de menace à moitié cachée, sans oublier un sens de la bouffonnerie impayable. Ces Tartuffe des temps modernes n’en finissent pas de maltraiter sans en avoir l’air le pauvre Alfred. En revanche, on est moins convaincus par le traitement du personnage grotesque des aveugles joué par Yves Gasc. L’effet amusant au départ, lasse vite, notamment du fait d’un débit de voix répétitif et sans surprise. Les deux jeunes comédiens fraîchement regroupés que sont Pauline Méreuze et Noam Morgenzstern composent divers petits rôles avec la même réussite et la même insolence de jeu.

Christophe Lidon signe une mise en scène délicate, pleine de trouvailles et astucieuse. La pluie, inaugurant la pièce, compagne de l’attente fébrile des notables qui se préparent à accueillir Clara la conclut dans un faux effet de catharsis particulièrement cynique. Les comédiens sont alignés sur scène et se lavent littéralement les mains sous une cascade fine de gouttelettes qui ne les lavent nullement de leurs pêchés… Autre excellente idée : le décor à double niveau offrant une perspective scéniquement cohérente. Un rectangle est découpé sur le mur du fond de la scène et surplombe le plateau. Ce petit espace situé en hauteur permet à Clara de montrer qu’elle est omnisciente dans la pièce : elle sait tout des moindres agissements des personnages et la voir se délecter de tant de voyeurisme ajoute à sa puissance. Malgré quelques coupes qui auraient pu être faites, notamment à la fin, cette pièce se suit avec un plaisir certain et une envie de voir le destin être contredit par le retournement des personnages. Malheureusement, la cupidité fait la loi à Güllen.

La Visite de la vieille dame met ainsi à l’honneur les doyens de la Comédie-Française, qui se régalent sur scène dans cette sombre histoire de vengeance terrible. Danièle Lebrun est époustouflante en Parque inflexible mais au demeurant sensible et mène la dance avec une grâce mordante. Christophe Lidon nous plonge avec inquiétude et réussite dans les méandres de la corruption. À voir sans hésiter. ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

Enfin un grand rôle pour Danièle Lebrun ! Jusque là cantonnée à des rôles de peu d’envergure, la doyenne des comédiennes du Français s’offre une cure de jouvence au Vieux-Colombier avec un personnage de vengeresse délectable et trois étoiles. Christophe Lidon, grand habitué du théâtre privé, l’a choisie pour incarner cette virago vénéneuse dans l’adaptation de La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt. Cette pièce noire où la société d’une petite ville miséreuse se retrouve corrompue par le sillage empoisonné du gain bénéficie d’une mise en scène âpre et sans concession adoucie par une scénographie onirique mais néanmoins inquiétante.

http://www.lesechos.fr/luxe/culture/mille-feuilles/0203344909006-culture-la-selection-du-week-end-653752.php

Le Canard Enchaîné  5 mars 2014

Photos Mirco Magliocca

www.artistikrezo.com   Isabelle Bournat  4 mars 2014

La Croix  7 mars 2014